Beaucoup de gens au Québec souffrent de douleurs chroniques. On dit d’une douleur qu’elle est chronique lorsqu’elle dure depuis plus de trois mois. Ces douleurs persistantes peuvent avoir des effets dévastateurs sur le sommeil, le travail et le moral. On sait aujourd’hui qu’elles peuvent mener à la dépression et, dans certains cas, jusqu’au suicide.
Trouver un traitement efficace est un véritable casse-tête. C’est pourquoi beaucoup de gens – et de plus en plus de professionnels du milieu médical – se tournent vers les médecines alternatives, une façon de reprendre le contrôle de sa vie après des années de souffrance.
Psychologue spécialisée en douleur chronique à l’Hôpital général de Montréal, Ann Gamsa utilise des techniques de relaxation comme antidote à la douleur : «Quand les patients souffrent de la douleur, leurs muscles sont souvent très tendus, explique-t-elle. Et quand les muscles sont tendus, la douleur augmente. En aidant le patient à se détendre, les muscles de tout le corps relaxent, ce qui entraîne des changements dans la chimie du système nerveux. De cette façon, on peut vraiment réduire la douleur.»
Pour comprendre l’originalité de ces approches, il faut comprendre qu’historiquement, notre compréhension de la douleur nous laissait croire que le signal de la douleur voyageait exclusivement des récepteurs sensoriels jusqu’au cerveau. Or, comme nous l’explique Mark Ware, chercheur à la Clinique de la douleur de l’Hôpital général de Montréal, on sait aujourd’hui que le message de la douleur voyage aussi en sens inverse : «Il y a aussi un système qui descend dans la moelle épinière qui peut contrôler la douleur.» L’efficacité de ce système d’autoatténuation de la douleur se manifeste notamment lorsqu’un sportif blessé réussit à poursuivre une compétition en dépit d’une blessure et que la douleur n’apparaît que quelques heures plus tard.
«La relaxation travaille sur le corps, mais aussi sur le cerveau, l’imagination et les pensées, ajoute Ann Gamsa. Quand on utilise la visualisation et la relaxation avec les patients, on entraîne une distraction de la douleur.»
Les endorphines qu’on sécrète dans notre corps, précise-t-elle, c’est l’équivalent d’une morphine qu’on prendrait en comprimés. C’est un produit qui est naturellement sécrété par notre système nerveux qui va nous aider à contrôler la douleur. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a des récepteurs pour la morphine. Ce ne serait pas logique que l’homme de Cro-Magnon ou un homme du Moyen-Âge ait eu des récepteurs pour la morphine, alors que la morphine va apparaître dans les années 1900. Ce sont des questions que les chercheurs se sont posés : pourquoi avons-nous dans notre corps des récepteurs prêts à répondre à l’effet de la morphine? C’est ce qui leur a permis de découvrir qu’on sécrète naturellement des produits qui circulent dans notre corps et qui vont aider à soulager la douleur par nous-mêmes.»
Autohypnose, Acupuncture, Massothérapie, Yoga, Méditation et Relaxation sont des techniques qui peuvent contribuer à atténuer la douleur chronique.
Isabelle Gendron
Massothérapeute chez Globe Santé
Source: Une pilule, une petite granule, 17 février 2011.