par Chantal Ann Dumas, ND. A.
Que nous ayons un partenaire ou pas, la sexualité constitue une importante part de qui nous sommes, alors comment expliquer cette baisse de libido et surtout, comment peut-on y remédier ? Dans son essence, la libido est définie comme l’énergie relative à la pulsion sexuelle. Mais comme nous le savons tous, le désir et la sexualité féminine sont des sujets complexes qui englobent plusieurs aspects de notre vie. La libido est comme un baromètre qui reflète l’état général de notre santé, mais aussi de notre santé relationnelle, que ce soit face à nous-mêmes (estime de soi) ou par rapport aux autres. Lorsqu’on vit dans une société hypersexualisée, axée sur la performance et où les modèles de beauté imposés sont complètement surréalistes, il est facile de ne pas se sentir à la hauteur, notamment face à ce qu’on croit être «normal» en ce qui a trait à la sexualité et au désir. Pourtant, ce qui est « normal », c’est que notre libido fluctue en fonction de plusieurs facteurs, incluant nos taux d’hormones, notre niveau de stress et de fatigue, la prise de certains médicaments et lors des cycles de notre vie.
fumer, endorphines, marcher, Montréal, massothérapie, Globe Santé
La connexion hormonale
Parmi ces cycles, nous tenons souvent pour acquis que le voyage vers la ménopause s’accompagne d’une baisse du désir en raison de la diminution des hormones stéroïdiennes –estrogènes, progestérone et testostérone –qui la caractérise. S’il est vrai qu’un déclin graduel de la testostérone s’opère chez la femme de telle sorte que dans la quarantaine, le niveau de testostérone est réduit de 50 % par rapport à ce qu’il était durant la vingtaine, il n’y a qu’une minorité de femmes qui rapportent une réduction de leurs activités sexuelles². De plus, les recherches démontrent que demeurer active sexuellement peut apporter des bien-faits physiques et émotionnels, et que ce sont justement les femmes d’âge mûr qui éprouvent le plus de plaisir à faire l’amour ! Ce fait s’explique notamment parce qu’il n’y a plus de craintes de grossesse non désirée et parce qu’en général, les femmes se connaissent mieux et s’affirment plus avec l’âge.
À l’instar des fleurs qui s’ouvrent afin de permettre aux abeilles de les polliniser, le principe même de la vie dépend du désir féminin ! Pourtant, selon un récent sondage, environ le tiers des femmes âgées entre 18 et 59 ans avouent éprouver une baisse de désir sexuel¹.
Comment retrouver sa libido féminine ?
Le mythe largement répandu du déclin sexuel associé à la ménopause est plutôt un portail culturel et non un fait scientifiquement établi : la très grande majorité d’entre nous peuvent donc aspirer à une longue et satisfaisante vie sexuelle ! La connexion avec le stress Même s’il est indéniable que les hormones influencent notre état général de santé et notre sentiment de bien-être, nous ne pouvons ignorer le fait que par le temps où les femmes atteignent la mi-quarantaine et la préménopause, elles roulent généralement à fond de train depuis déjà au moins une décennie ! Et si le déclin de notre vie sexuelle avait beaucoup plus à voir avec notre mode de vie effréné qu’avec nos hormones ? La réponse au stress a pour but d’améliorer nos chances de survivre à une menace physique compromettant notre sécurité temporairement, mais un stress prolongé, fréquent ou extrême peut avoir des effets néfastes pour le corps et le cerveau. Quelles sont les conséquences de ce stress chronique sur nos hormones et notre libido ? Déséquilibre des hormones stéroïdiennes L’hyperactivation de l’axe hypothalamo-hypo-physo-surrénalien (HHS) par le stress et le dysfonctionnement surrénalien qui en résulte perturbe profondément l’équilibre hormonal de différentes façons. Les glandes surrénales sont responsables d’environ 35 % de la production des hormones stéroïdiennes avant la ménopause et de plus de 50 % de leur production après son arrivée. Par conséquent, toutes les hormones stéroïdiennes sont perturbées par le stress chronique. En plus de ses effets négatifs sur notre équilibre hormonal et notre libido, le stress est aussi considéré comme la principale raison pour laquelle les gens s’alimentent mal et abandonnent leur mode de vie sain³. Cela aggrave le problème, car une mauvaise alimentation et le manque d’activité physique se répercutent aussi sur notre désir sexuel.
Alimentation pour accentuer notre libido
Pour optimiser notre circulation sanguine, notre santé générale et notre équilibre hormonal, nous devons mettre l’emphase sur une alimentation à prédominance végétale, qui peut être complémentée occasionnellement par des protéines animales de haute qualité – œufs biologiques de poules élevées en liberté, poisson sauvage, fromage de chèvre frais, viandes biologiques,etc.– contenant peu de gras saturés. Les poissons à chair grasse contiennent des acides gras essentiels de type oméga-3 qui améliorent la circulation sanguine et l’afflux sanguin vers les parties génitales. Les oméga-3 peuvent aussi augmenter le taux de dopamine dans le cerveau, un neurotransmetteur qui favorise le sentiment de désir. Les noix, les graines et les avocats fournissent également de bons gras qui peuvent favoriser une meilleure libido. Ils permettent aussi une meilleure lubrification, rendant les rapports sexuels plus agréables. Les graines delin renferment de précieux phytœstrogènes –des principes actifs végétaux pouvant produire des effets similaires à ceux des estrogènes dans le corps – qui peuvent réduire les symptômes associés à la carence estrogénique.
Activité physique à la rescousse
Presque tous les symptômes associés à la ménopause peuvent être soulagés grâce à la pratique d’activité physique, incluant la baisse de libido. Une étude de 2008 publiée dans le Journal of Sexual Medicine a révélé que l’activité physique de haute intensité de courte durée (20 minutes avec une cible de battements cardiaques atteignant 70 %) augmente la réponse physiologique à l’excitation de manière significative chez les femmes(4). En prime, les gains esthétiques associés à l’exercice entraînent souvent une meilleure estime de soi pouvant se traduire par un intérêt accru envers le sexe.
Suppléments nutritionnels
•Adaptogènes et extraits glandulaires surrénaliens. Le recours à des extraits botaniques dans le but de restaurer l’équilibre interne du corps est une pratique traditionnelle répandue à travers le monde. L’efficacité des plantes adaptogènes telles que l’ashwagandha, le maca, le ginseng, la réglisse, le basilic sacré et le bacopa est aujourd’hui validée par les études cliniques. Les adaptogènes aident à supporter la réponse face au stress, ce qui se traduit par une meilleure tolérance face au stress physique et émotionnel.
En conclusion
Contrairement au narratif fataliste et réductionniste relatant que notre libido est inexorablement appelée à s’estomper en vieillissant en raison de la chute hormonale associée à la ménopause, il est possible et souhaitable de maintenir une vie sexuelle saine et satisfaisante tout au long de notre vie.
Si nous considérons l’énergie sexuelle dans son sens le plus large en tant que force vitale ou d’énergie provenant de la Source, nous saisissons que la santé et la vitalité de notre sexualité sont inexorablement liées à la santé et à la vitalité de nos vies.
Pour une consultation en naturopathie, Chantal Ann Dumas est spécialiste en santé de la femme, contactez-la par courriel à info@naturopathe.ca
Références
1.http://www.webmd.com/sex-relationships/features/loss-of-sexual-desire-in-women#1
2.« La libido après la ménopause ».La Presse,19 mai 2013. http://www.lapresse.ca/le-soleil/z/archives/coin-du-psy/201305/18/01-4652326-la-libido-apres-la-menopause.php
3.Nutritional Strategies for Wild Moods &Crazy Days. Managing the Stress Response.Functional Medicine Clinical Series. 2006.
4.(2015), « Proceedings of the 14thAnnualMeeting of the International Society for theStudy of Women’s Sexual Health », Austin,États-Unis,The Journal of Sexual Medicine,vol. 12, no273-291, 19-22 février 2015.doi:10.1111/jsm.12922
Chantal Ann Dumas, membre de l’ANAQ, naturopathe chez Globe Santé